En attendant de vous présenter des cartes d'autres coins de ce beau village d'Arinthod, en voici une nouvelle de la place, avec vue sur la tour et sur l'Hôtel des Messageries. C'est l'une des plus anciennes que j'ai le plaisir de vous faire découvrir puisqu'elle a été postée en novembre 1901. A droite, devant l'Hôtel Malfroy, notez l'impressionnante forêt .... en pots!

A gauche, sur le mur, notez la publicité Byrrh, le vin "tonique et hygiénique" à base de quinquina. (je vous recommande vivement la lecture de l'histoire de cet apéritif sur http://jeantosti.com/histoire/byrrh.htm )

Nous voici au fond de la place devant la tour qui abrite l'Hôtel Bayet et le bien nommé Hôtel de la Tour. Quelle belle ambiance d'un autre temps: un homme moustachu portant casquette et les manches retroussées a quitté son travail quelques instants pour poser pour la postérité avec dans les bras un jeune enfant quelque peu apeuré par la présence du photographe. Derrière eux, un jeune apprenti qui devait aller remplir son seau s'est arrêté quelques instants. Devant l'Hôtel Bayet, un bel attelage avec 2 vaches...
L'Hôtel de la Tour existe toujours couplé à un restaurant gastronomique dont on m'a dit le plus grand bien. Il faudra que je m'y rende une fois lors d'un prochain passage à Arinthod pour en juger...

une vue de la tour en 2009,       

Restons encore quelques instants sur cette place de la Tour représentée sur cette carte écrite le 6 août 1920. On y retrouve l'enseigne de l'hôtel Bayet et d'un restaurant, à droite. Devant l'hôtel, 2 carrioles et plusieurs tonneaux. Le rédacteur de la carte nous indique d'une flèche l'hôtel où il réside, sans mentionner qu'il s'agit de l'hôtel de l'Europe.

Nous allons bientôt quitté la grande place et nous empruntons les arcades sur cette carte qui date également d'avant 1910. D'un coup d'oeil, on passe tout près de la fontaine où il y a du monde: à gauche, 2 jeunes hommes, l'un bras et jambes croisés, l'autre avec un large chapeau les mains dans les poches se doutent qu'ils vont être sur la photo. Derrière la fontaine, un vieil homme est venu remplir son arrosoir et semble très amusé de toute cette animation. Devant, un homme portant casquette et bel moustache tient son fils par la main tout en discutant avec la vieille femme venue elle aussi remplir son arrosoir.
Derrière eux, on retrouve l'enseigne de l'épicerie, mercerie, chaussures en tous genres C.Jeannin tandis qu'au coin de la première arcade on peut lire sur une enseigne métallique "tissus en tous genres - H.Gidon - nouveautés confections".

Pour voir une vue de la fontaine depuis les arcades en 2009, cliquez ici

Nous restons sous les arcades sur cette carte qui date d'avant 1920. Et nous allons y croiser beaucoup de monde: tout de suite à gauche, une femme en noire reste dans la devanture de la boutique mais n'échappera pas au photographe. Près de la brouette, une vieille femme est entourée de 3 enfants qui sont tout aussi intimidés que leur aïeule. Plus loin, un couple, à gauche et une femme à droite regardent la scène avec intérêt et plus loin encore une femme assise a un enfant dans les bras. Notez l'inscription "Mercier coiffeur" au dessus de la 2e arcade.

Voilà, nous allons doucement remonter cette rue. L'église est à notre droite, et sur notre gauche, de biens belles arcades qui, à l'époque de cette carte, vers 1935, abritaient encore de nombreux commerces. Il n'est malheureusement pas possible de lire les enseignes sur cette carte, tout juste peut on distinguer au dessus de l'arcade située derrière l'homme qui a une main sur un landau "café - restaurant". Nous sommes sans doute en plein été: beaucoup de fenètres sont ouvertes en grand. Avez vous remarqué le petit enfant qui se cache derrière le pilier de la première arcade? Au jour d'aujourd'hui, ce petit garnement doit avoir dans les 75 - 80 ans...

Nous continuons de remonter la rue du centre sur cette carte magnifiquement animée postée à Arinthod le 10 mars 1908. Une dizaine d'enfants portant tous un béret ou un chapeau semble particulièrement amusée de la présence du photographe. Une petite fille parle avec un vieux monsieur qui porte ce qui semble être 2 grosses miches de pain. A droite, une grand mère se hâte, au grand dam de sa petite fille qui aurait bien aimé rester jouer un peu avec les autres enfants. A gauche, un homme n'a guère le temps de s'occuper de toute cette agitation: il a du bois à couper.
Plusieurs enseignes témoignent du dynamisme commercial de l'époque: la 2e arcade recélait une épicerie-mercerie-chaussures (le nom du propriétaire est difficilement lisible, peut être Jacquemin), sous la 4e on trouvait la boutique de L.Bayet, boucher charcutier, voisin de la maison Chatillon. Au fond de la rue, cachée en partie par le timbre, une autre boucherie, celle de C.Faury, que l'on retrouvera sur d'autres cartes.

Voici cette même rue du centre, mais vue de l'autre bout de la rue sur cette carte postée à Arinthod en juillet 1905. On retrouve l'enseigne de la maison Chatillon à droite, puis celle du boucher charcutier L.Bayet. Sous l'arcade de ce dernier une charrette: servait elle au transport de la viande? En face se trouve le Café du Centre et non loin devant on retrouve l'inamovible tas de bois près duquel un homme semble surveiller son chien. Notons à gauche, les 2 carrioles.
L'autre côté de la carte étant "exclusivement réservé à l'adresse", le rédacteur a utilisé toute la place disponible pour sa correspondance. Il y informe sa maman (Mme Meynier qui habite à Lyon) que leur pélerinage à Ars est remis au 9 juillet. Les pèlerins se rendaient à Ars pour vénérer la mémoire d'un prêtre hors du commun, le père Vianney.

une vue de la rue et ses arcades en 2009,

Même rue et même angle de prise de vue pour cette carte postale que la précédente, mais plus récente car datant vraisemblablement des années 1935-1940. Une fois encore, les enfants sont à la fête même si cette fois leurs jeux semblent bien plus les intéresser que le travail du photographe. On notera que les enseignes Bayet et Chatillon ont disparu (il est vrai qu'entre les 2 photos il y a eu 30 ans au moins et une guerre mondiale) mais le café du Centre existe toujours avec au dessus de son enseigne des publicités pour le Byrrh, vin aromatisé au quinquina qui connut un vif succès commercial au début du XXe siècle et pour le St Raphaël, une autre boisson au quinquina.
("l'histoire de St Raphaël remonte à 1830. Le docteur Juppet travaillait à la mise au point d'un apéritif à base de quinquina. A la suite de longues nuits de veille, sa vue baissa... C'est alors qu'il se souvint de l'épitaphe biblique dans lequel l'Archange Raphaël guérit Tobias de sa cécité. Désirant retrouver la vue pour aboutir ses recherches, il plaça son nouvel élixir sous l'invocation céleste de l'Archange. Il élabora ainsi la recette de St Raphaël et recouvrit la vue. Aujourd'hui et depuis plus de 100 ans, chaque bouteille porte l'emblème de l'Archange, garant de la perpétuité de la tradition" d'après www.straphael.fr) A l'époque, nul besoin de la mention "L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération"...
A gauche notez le panneau indiquant vraisemblablement le garage Citroën le plus proche, situé à Nantua à 36km.

Le café du centre n'existe plus depuis longtemps. Aujourd'hui, le batiment abrite la pharmacie

Nous sommes arrivés en haut de la rue derrière l'église et voici la place du poids public, qui s'appella auparavant la place de la Poste, sur cette carte postale, pas la plus belle de ma collection j'en conviens, qui doit remonter aux années 1930.
A gauche, on aperçoit la façade de la pharmacie Prost tandis que le grand batiment en face abrite l'épicerie-librairie-mercerie-chaussure Jourdain marchand de vin. Devant la boutique, des femmes se sont tranquillement installées à l'ombre et s'adonnent à la broderie. A droite, le fameux poids public qui a donné son nom à la place (à l'époque, le poids public était un ouvrage permettant de vérifier la contenance et le poids des matières vendues, d'animaux, etc. Il etait souvent placé à proximité d'un marché ou d'un champ de foire).

la place en 2009,             

Restons encore sur la place du poids public avec cette carte postale qui est plus ancienne que la précédente et a voyagé dans les années 1910 semble t-il (le timbre à date est malheureusement peu lisible). Sur la gauche, on retrouve la pharmacie Prost. A côté, malgré l'enseigne peu visible, on devine qu'il s'agit d'un hôtel: avec l'hôtel de l'Europe, l'hôtel Bayet et l'hôtel de la Tour, c'est déjà le 4e hôtel repèré à Arinthod au début du siècle dernier. En face, on retrouve l'épicerie-librairie-mercerie-chaussure Jourdain marchand de vin, devant laquelle posent plusieurs enfants, qui faisait également office de débit de tabac comme l'atteste la pancarte située au dessus de l'homme assis sur le banc à droite.
Notez, au dessus de sa voisine qui tient un bébé dans ses bras, la publicité pour le bouillon Kub, crée en 1908 par Julius Maggi.

Encore une carte de la place du poids public datant de 1920. La pharmacie Prost semble fermée aujourd'hui, tout comme l'hôtel voisin. Par contre l'épicerie-librairie-mercerie-chaussure Jourdain marchand de vin est bien ouverte: est-ce le patron, canotier sur la tête qui est assis devant la boutique? Non loin de lui, plusieurs femmes se sont installées sur un banc, surveillant du coin de l'oeil les enfants assis en rond. Plus à gauche, 2 hommes, dont un tenant un diable, font une petite pause pendant la présence du photographe.
Le saviez-vous, dès le milieu du XIXe siècle, il y eut des libraires à Arinthod et à Saint Julien. Ainsi, depuis 1856, Jean François Berthillon à Saint Julien vendait des livres, de même que Gervais Girod à Arinthod. Le 17 mai 1881, Célestin Jourdain écrivait au préfet en ces termes: "je soussigné, [...] marchand épicier, né à Arinthod le 17 juillet 1841, y établi, a l'honneur de vous déclarer qu'il est dans l'intention d'adjoindre à son commerce d'épicerie celui de la librairie et de l'exploiter à Arinthod..." (tiré de "Regards sur la Petite Montagne" de l'Adapemont)

Nous restons encore sur la place du poids public qui, avant de porter ce nom, s'appelait la place de la poste. Où se trouvait alors le local de la poste? Je n'en ai aucune idée, alors si vous vous savez....
Cette carte postée à Arinthod en septembre 1907 est, malgré son état très sale, sans doute une de mes préférées tant elle me semble belle. On retrouve évidemment sur la gauche, la pharmacie Prost avec à côté, l'hôtel qui reste malheureusement anonyme. En face, on retrouve l'épicerie-librairie-mercerie-chaussure Jourdain marchand de vin dont on peut constater la taille imposante du batiment. Quelle animation sur la place: 2 calèches patientent: sans doute quelques clients de l'hôtel doivent ils quitter les lieux dans quelques instants. Plusieurs jolies petites filles posent devant l'objectif du photographe. Les garçons, à gauche, ont d'autres occupations. Sur le banc devant la maison Jourdain, des personnes agées surveillent cette scène de la vie quotidienne.
Notez, mesdames, que la mode de l'époque faisait porter moustache à presque tous ces messieurs...
M.Jourdain, le marchand de vin ne devait pas proposer de vin de la Petite Montagne, les vignes y étaient rares et le vin de piètre qualité: "au XIXe siècle, la vigne était répandue dans tous les terroirs, sur les pentes bien esposées. La culture en fut, peu à peu, abandonnée dans les années 1920-1930, mais quelques parcelles en subsistent encore. Certains villages ont persisté plus que les autres, Condes par exemple. Le vin de Condes était un âpre breuvage dont on se gaussait aux alentours mais auquel les privations de 1940-1945 redonnèrent une soudaine considération...il fallait être 3 pour boire le vin de Condes, 2 aides soutenant le buveur agité de tremblements, tant le vin était acide" (dans "ceux des villages..." de Colette Merlin, un ouvrage que tout amoureux de la Petite Montagne se doit d'avoir dans sa bibliothèque). Pour les non initiés, Condes est une jolie petite commune du canton d'Arinthod situé à 7,6 km (à vol d'oiseau) du chef-lieu.

La carte postale précédente représentait la place de la Poste. La Poste déménagera vers 1910 comme on pourra le voir sur des cartes que je vous présenterai prochainement. Mais depuis quand Arinthod possède t-il un bureau de poste? Si je n'ai pas la réponse, je peux vous présenter la plus ancienne lettre que je possède ayant le tampon du bureau d'Arinthod: elle a été expédiée le 24 juin 1874.... On est loin alors du courrier normalisé: pas de code postal, évidemment, et un format de 13,3 x 7,2cm.

Je possède également une autre lettre, mais un peu plus récente puisque postée à Arinthod le 8 mai 1883.Il s'agit d'une lettre qu'écrit une jeune femme, Amélie Coulon, qui habite à Marigna, tout près d'Arinthod, à son cousin, Alfred Bally qui est le maire de la commune de Villechantria. Je vais vous retranscrire cette lettre tel quel, témoignage d'une autre époque:

Marigna, le 7 mai 1883
Cher Cousin,
S'il est dans la vie un instant critique, un instant où une jeune personne à besion d'un appui c'est dans ce moment cher Cousin que je viens vous demander un conseille et me soumettre à vos décisions.
Comme vous avez peut être pu apprendre par la rumeur du publique un jeune homme de Condes, le fils Gadiolet vient de me demander en mariage.
D'après tous les renseignements pris, jusqu'à ce jour nous ne pouvons que nous féliciter. Il est orphelin, agé de 29 ans, il est né à Thoirette mais depuis la mort de son père et de sa mère il y a 19 ans qu'il reste a Condes, avec son Oncle Perret qui l'a adopté pour son enfant.
D'une famille excessivement pieuse et de bon renom il s'est adressé à ma mère avec une franchise sans égale. Je ne voudrais, cher Cousin prendre aucune décision avant d'avoir pris conseille auprès de vous.
En attendant le plaisir de recevoir vôtre réponse, j'ai l'honneur d'être votre cousine.
Amélie Coulon
P.C. Biens des choses de notre part a toute la famille

C'était il y a 126 ans.....le monde a bien changé hein?

Nous sommes toujours tout près de la place du poids public sur cette carte colorisée qui doit dater des années 1935-1940: vous reconnaissez dans le fond l'épicerie-librairie-mercerie-chaussure Jourdain marchand de vin devant laquelle est stationnée un camion et, à moitié visible, une petite automobile. Sur le petit bout de la rue du commerce que nous verrons en long sur la prochaine carte, on trouvait de nombreuses boutiques: la maison Monneret, un peintre platrier qui faisait aussi épicerie-mercerie, à côté la maison Luc qui vendait des parapluies et des chaussures, puis à nouveau une épicerie-mercerie et une boucherie (malheureusement avec les enseignes partiellement illisibles empêchant de connaitre le nom du patron)..

Qui connait le Arinthod d'aujourd'hui aura bien du mal à imaginer que la rue représentée sur cette carte postale postée en janvier 1916 ait pu être un jour une "rue du commerce" et pourtant.... En tous cas, les commerces ne manquaient pas: à droite on trouvait la maison Charpillon, puis la maison Mercier, puis la boucherie C.Faury, devant laquelle le patron et un de ses employés semblent attendre la clientèle tout en discutant avec madame, assise devant la boutique, sa petite fille sur les genoux et un gros chien à ses pieds. Plus loin, on retrouve l'épicerie-mercerie du peintre platrier Monneret. La rue est particulièrement animée: enfants, passants ... et même un gentil toutou en balade...

Nous restons devant la rue du Commerce sur cette carte postée à Arinthod en décembre 1914. Le photographe a attiré un vaste public: on découvre quelques charmantes petites filles, dont certaines, à droite, semblent aller ou revenir de l'école avec leur blouse et leur petit sac sous le bras, mais aussi une grand-mère qui tient un bambin malicieux dans les bras, et un vieil homme portant casquette, canne et montre gousset dans la poche dont on peut voir la chaîne rattachée au gilet. Plus loin dans la rue un couple à droite devant une boutique, 2 femmes à gauche ainsi qu'un petit chien regardent cet attroupement avec amusement. Notez encore, au loin, à droite, les énormes tonneaux.
Les enseignes des boutiques de droite ne sont malheureusement pas lisibles mais par contre, tout droit à gauche, au dessus des arcades, on trouve la boutique Luc parapluies-ombrelles-chaussures en tous genres, une boutique vue sur la rue du Commerce sur une carte plus récente présentée peu avant celle-ci.

Nous avons visité de long en large la place de l'église, remonté la rue sous les arcades juqu'à la place du poids public et la rue de commerce, nous allons maintenant changer de coin. Il nous faut repartir dans l'autre sens pour découvrir, sur cette carte datant des années 1910, la villa des cyclamens, qui se trouvait juste à côté de ce qui était à l'époque la mairie. Ne me demandez pas pourquoi cette belle demeure s'appelait ainsi, car je n'en sais rien: je serais d'ailleurs bien content de le savoir alors si vous vous savez ....
Notez au fond, devant la mairie, 3 femmes et 2 hommes qui conversent tout en s'intéressant à la présence inhabituelle du photographe.

Avançons donc de quelques mètres pour voir la mairie d'un peu plus près représentée sur cette carte postée en juin 1904, un batiment, qui, à l'époque, abritait également l'école. Ceci explique sans doute la présence de ces quelques enfants accrochés aux grilles de l'entrée.
Qui était le maire d'Arinthod à l'époque? Encore une question dont je ne connais pas la réponse. Ce que je sais, par contre, c'est qu'en 1914, au début de la guerre, le maire s'appelait Erwan Charpillon et dans la Commission de Prévoyance qui fut créée au tout début de la guerre à Arinthod se trouvait M.Reydellet, un ancien maire. En 1936, le maire s'appelait Jacquemin. Beaucoup plus récemment, M.André Lamard a assuré cette charge de 1988 à 2008 et lors des dernières élections municipales de mars 2008, c'est Jean Charles Grosdidier, l'héritier d'une des entreprises phares d'Arinthod, les Transports Grosdidier, qui a été élu.